Sherlock — Only one in the world, I invented the job.
Watson — What does that mean?
Sherlock, s01e01, 1:09:38, 2010
Les titres présentés sur ce site ont été publiés très officiellement entre 2004 et 2009, milliers d’exemplaires, promotion et silencieuse mort en quelques jours de chacun d’eux, sauf si lus. Je ne reconnais plus aucune des versions papiers d’alors, ni les éditions, ni rien. Ça a pris des années hors du temps, mais j’ai pu retrouver tous les droits sur mes titres. Chaque titre a été amené à sa version ultime, la seule, le libérant de sa censure, de sa geôle de papier, de son édition, du temps des autres. Chacun va être publié à nouveau. L’inédit va apparaître aussi.
Auteur conceptuel est un job 24/7 à partir de l’instant où le nombre de données théoriques et pratiques atteint une densité probante qui autorise à commencer à penser et produire avec indépendance, pour moi, c’était en 2000. L'assurance est obtenue après quelques années, les données en évolution et s'entre-générant d'un coup se classent sous le coup d'une intuition fulgurante, ensuite il faut des années pour démontrer cet instant et construire d'abord le plan d’une architecture inédite, puis celle-ci. Dès que cette production s’enclenche : il faut faire un pas en arrière du monde entier pendant des décennies, ne plus exister que pour l’observer, où qu’il soit, quand soit-il, qui soit-il, l’analyser, chercher et trouver « pourquoi et comment ». Il n’y a plus rien d’autre à faire au monde. La société refuse qu’on s’exclue d’elle, particulièrement quand on lui oppose un nom de profession non référencé, sans donner d’explications mais en refusant qu’il soit confondu une seconde avec ceux autorisés. Auteur conceptuel n’a rien à voir avec « artiste » ni « écrivain » qui sont d’autres professions, à la progression achevée il y a 120 ans environ et qui peuvent durer à jamais en l’état en gardant une raison indéniable. Conceptuel ne concerne pas « l’art conceptuel », l’adjectif est issu de « concept » mais « concept » n’y a ni la définition philosophique établie ni celle courante réservée à l’idée abstraite ou l’invention neuve et concrète. C’est la page suivante, tout simplement, et elle sera elle aussi tournée un jour.
Il faut prendre des dispositions pour protéger le chantier en cours jusqu’à son non-aboutissement puisqu’il est impossible. La société, quand on négocie assez longtemps, finit par se lasser et tolérer qu’on échange une vie contre le temps qu’elle pense qui lui est dû. Mais il faut prouver tous les jours qu’il n’y a bien aucune vie, qu’on n’essaie pas de doubler le contrat. Même si on espère que le temps de recherches ne dépassera pas celui de vie, l’échec est assuré. Je ne l’ai compris que quand l’architecture était elle-même à un stade réel et éthique et c’est en fait assez simple de ne pas vivre quand ce job est le seul choix, inextinguible, et aussi quand sa vie a été suspendue dans le néant à 30 ans.
Un auteur conceptuel ne produit pas un objet fini mais une proposition infinie et exhaustivement démontrable d’une autre version du monde et de son histoire encore intellectuellement discernable, accessible par un réel actif, la mémoire vive humaine, en trois dimensions. Ensuite, il faut tester la solidité des réponses analytiques des concepts pendant des années, en intégrant le moindre détail, le moindre évènement. Mes concepts tiennent depuis 3 ans à présent, le premier étant « nous n’avons pas atteint notre Contemporain. »
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